lundi 22 juillet 2013

Entre deux mondes



Je suis en permanence tiraillée entre des extrêmes et ce passage de Paris à HK en est une prevue concrète. Lassée d'une atmosphère morose, de crise, d'une société insatisfaite, sans perspectives professionnelles, de jeunesse plaintive et sans horizon, j'ai fait le pas de venir en Asie.
Ici tout va vite, si l'Europe est le continent de la réflexion éternelle avant un passage a l'action qui bien souvent n'arrive pas, HK est la ville de l'exécution, la plupart du temps sans réflexion préalable... Certes, les chinois vont nous bouffer, ils ne font qu'agir, qu'exécuter: 16h par jour au travail, 8h pour tout le reste (dont dormir…). Bien loin des 40 jours de vacances par an de la France… mais quand une masse de gens se met à agir sans réfléchir lerésultat peut être dangeureux.


En réalité, il ne se passe pas une seule journée sans que je ne pense à Paris. Neuf mois dans cette ville (ce texte a été écrit fin mai 2013), une vraie gestation, et qu'est ce que j'accouche? Le souvenir de Paris, Paris me sort par mes entrailles, par les pores de ma peau. Ce Paris décadent, cette Europe en crise, ce cynisme et cette ironie dont on ne peut faire preuve que dans le vieux continent, cet intellectualisme parfois de trop, cette antipathie environnante à chaque angle de rue, ce ciel gris écrasant 10 mois par an et ce froid même au mois de juin… mais cette beauté, cette beauté unique et cruelle de l'amant qui est est un salaud mais aux bras duquel on ne rêve que de revenir…. 

Ici c'est le travail qui prime avant tout avec une énorme fierté des gens locaux de pouvoir dire: "Hong konguese people work veLLy hard. Europe must be boring because people don't work so hard…". 
Quand on voit les conditions de vie des gens, la décrépitude des immeubles et des habitations , on comprend mieux pourquoi ils préfèrent rester au bureau plutôt que de faire autre chose. Puis la ville elle-même: il n’y a pas de vrais trottoirs, pas de terrasses ou de cafés où on puisse se poser pour prendre un verre. Ici c'est la dictature du shopping mall et de l'air conditionné. Boutique de luxe sur boutique de luxe (malgré la vie "boring" des européens, il faut quand même reconnaitre qu'ils ont apporté à ces gens leurs grands symboles religieux : les logos "LV", "Chanel" ou "Gucci"…sans lesquels ils seraient perdus…). On fini par vomir le luxe… puis cette climatisation à 13 degrés partout, cette lutte permanente pour maintenir sa température corporelle à 37 degrés. 

Parlons aussi de la densité de la population: un fourmillement de gens partout, ces gens petits, qui zigzaguent les minuscules trottoirs, qui nous empêchent de marcher droit et vite, qui crachent mais qui en même temps portent le masque. L’obsession pour désinfecter les balustrades toutes les 2h cohabite avec une hygiene de vie des plus sales que j’ai pu voir. Ces métros pleins à craquer (d'ailleurs une des curiosités de HK c'est que le métro est plus plein un dimanche à midi qu'un lundi à 8h du matin…). Les portes s'ouvrent et on sent une vapeur chaude qui nous frappe le visage. Cette vapeur chaude a une odeur de soja (oui, les chinois ont une odeur: c'est comme du soja concentré en peau humaine. Et apparemment selon les chinois les blancs sentent le fromage et le vomi de bébé… je ne sais pas ce qui est mieux…) et cette vapeur vous apporte la peste. Oui: la peste! Pleins de microbes et de bactéries que votre corps d'Européen n'a jamais soupçonné de devoir affronter. Ici c'est le pays par excellence où les humains choppent les virus des animaux… Or quel rapport intime faut-il avoir avec une poule, pour qu'elle nous file une grippe? Je me demande… Par conséquent j'ai vécu la plus dure expérience physiques de ma vie: la grippe porcine m'est tombée dessus. Me croyant victime d'une simple gastro, j'ai passé une nuit a presque 40 degrés de fièvre en sentant comment mon corps se transformait: une toux profonde et douloureuse, des douleurs corporelles terribles et aiguës, les délires de la fièvre, l'impossibilité de me lever pour faire deux pas… les hallucinations dans ma tête où je revoyais Paris en me croyant être une tuberculeuse dix-neuviemiste dans son lit de mort. Somme toute une expérience si proustienne si fin 19eme/ début 20eme que je remercie en ce sens les asiatiques de m'avoir fait vivre un des moments le plus esthétiques de mon existence.

En effet l'état naturel des chinois c'est l'artificiel : ils tombent malades quand il n'y a pas d'air conditionné, ils peignent le sol en vert pour donner l'impression d'une pelouse pour camoufler le bitume, ils boivent des boissons couleur fluo qui sont très "healthy", ils ne s'habillent qu’avec des matières synthétiques même s'il il y a 100% d'humidité, ils passent des dîners romantiques sur leur iPhone, ils photographient la bouffe au resto pour pouvoir la déguster froide, ils rient quand ce n’pas drôle du tout, ils restent inexpressifs quand il faudrait se rouler par terre, ils détruisent l'ancien et l'historique pour construire du "toc" moderne, mais prennent leurs photos de mariage dans des studios sur fond de fausses ruines romaines en honneur de Jules Cesar… 

C'est également l'endroit avec le plus de règles au monde et le moins d'intervention humaine possible. Au bureau il ne faut jamais arriver après 9h15. A la fin du mois je reçois un rapport via un système avec une liste de tous les gens de l'entreprise et leurs heures d'arrivée et de sortie respectives puis des couleurs qui signalent quand est ce que vous êtes arrivé après 9h15. 9h16 c'est déjà orange… et croyez-moi qu'il faudra que vous vous expliquiez à ce sujet….
Par ailleurs, pour comprendre/interpréter la météo, il vous faudrait des cours universitaire: signal 1 quand il pleut normalement, signal 2 quand il pleut avec un peu de vent, signal 3 avec un vent encore plus fort et ainsi de suite jusqu'à des signaux hyper chauds de "typhon" où vous ne devez pas sortir de chez vous. Mais aujourd'hui j'en ai appris un nouveau signal : la "black rain". Me levant le matin dans une obscurité incroyable, comme s'il était 2h du matin, pleine nuit dehors, une dense pluie, je m'étais dit que ce serait peut-être officiellement un des jours les plus déprimants de ma vie. Je sors en courant, comme toujours, avec mes 9h15 en tête. Comme tous les jours je passe devant mon concierge qui me dit un bonjour pas très expressif en cantonais. La pluie était tellement dense, du jamais vu, à 2 mètres de chez mois j'avais ma robe trempée. J'avais peur des transparences et d'être indécente mais je ne sais pas ce qui se passe dans ce pays mais je perds le sens des pudeurs: pas grave si on voit mes fesses, pas grave si on voit mes seins… rien à faire! Je vois tellement d'horreurs à longueur de journée et personne n'est choqué…!
Ce qui est vrai c'est que les rues étaient vides…. Moi qui craignait le métro plein à craquer en un tel jour de pluie, c'était vide également (et imaginez l'effet d'être toute mouillée avec les 13 degrés d'air conditionné du métro… une bombe pour notre santé…!). Je m'assois dans ce métro vide et évidemment qu'un chinois opte pour venir s'asseoir collé à moi… il avait peut-être froid… et pour se réchauffer et probablement pour me réchauffer moi aussi: un bon pé bien dégueulasse du matin! Vive la vie publique et le civisme!
Je sors du metro, encore quelques douches, j'arrive essoufflée au bureau: V I D E… Simplement la fille de la réception qui me dit : 
  why do you arrive so early today?
  Comment ça: "why"?
  Today is black rain you should not leave your home
  Merci pour cette information… que le concierge chinois qui me voit TOUS les matins n'a pas pensé à me dire….
Le moins de contact avec les gens, le mieux ils se portent. Les latins sont parfois intrusifs: pas un trajet en transport en commun dans un pays du sud de l'Europe sans que vous ne sachiez pas toute la vie de la petite vieille assise à côté de vous. Parfois pénible, parce qu il faut fuir les gens du regard si vous voulez un trajet tranquille… mais, au fond de moi (et en superficie aussi ma foi) je suis latine merde! J'aime qu'on me parle! Qu'on me demande comment je vais, que mon concierge me dise des remarques superflues du genre: "oh là là cette pluie terrible… ne me dis pas que tu vas sortir par ce temps…!" Oui oui et oui, j'ai soif de dialogue, de contact humain, d'échange… Ici vous êtes transparente. Au bureau j'entends parler chinois toute la journée, quand je commets l'erreur de déjeuner avec mes collègues chinois, la solitude est plus profonde puisqu’ils ne parlent qu'en chinois entre eux (malgré leur gentillesse et leur prévenance à mon égard) et je finis par rester avec mes pensées. Maintenant je déjeune seule et c'est plus joyeux. Dans les transports, pas un regard ne croisera le votre, pas un sourire… je me demande d'ailleurs comment ces gens se reproduisent aussi vite? Le terrain pour la séduction et le flirt me semble nul de chez nul ici! Je pense que le défi le plus difficile du monde pour une femme occidentale ça doit être de séduire un chinois. Bien plus difficile que de séduire George Clooney (en tenant en compte les bruits de couloirs qui le dissent homo)….Pas un sourire, pas un regard complice (et non pas seulement à mon égard mais à l'égard les uns des autres… parce que c'est sûre que je suis à l’opposé de leur ideal féminin… jejjejej). Et pourtant les chinoises portent parfois de ces mini jupes moulantes où on voit presque les fesses, avec des talons vertigineux… en Europe ça finirait en viols dans tous les coins de rue… Pourtant les faits et les chiffres sont là : ils se reproduisent comme des lapins!

J'aurais peut-être un enfant qui grandira ici : il croira que les rapports entre les gens sont transparents, il marchera en zig zag dans la rue, il rira de choses stupides et ne comprendra pas une ironie, il prendra des photos avec son iphone à table au lieu de manger, il ne rentrera pas dans des jeux de séduction et pire que tout: il ne contemplera pas le beau dans son quotidien.

L'esthétique ne nous fait peut-être pas manger, raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, mais elle donne une autre tournure à la vie, parfois tout aussi importante que la vie elle-même…


En attendant il faut rire, rire et rire de tout ça!

jeudi 21 février 2013

LAi cHi kOK happy days!


I will try to write in English this time even if I may not be very natural… Please apologize my mistakes….

Lai Chi Kok is the lovely area  where I work. As you go out of the MTR, you are received by a long, grey and dirty avenue, where cars speed as in a motorway…. 









When you cross the road once, you feel a dusty strate of pollution on your skin. And if you cross the it twice (what is usually the case…), you need to get a shower straight after because you stink.
The smell is also a unique experience: at 8 AM in the morning there are clouds of cod-fish mixed with pork intestines and dry seafood smell all over the road and if you just washed your hair you can be sure it will get dried with that smell on it. Another detail: you have to avoid the drops that fall from I don't know where all over the way: is it the air-conditioning bacterial drops or the oily chinese restaurants kitchens evacuation? Once it falls and it touches you it is too late: already absorbed by your skin and organism… in a few years, if I get a very uncommon desease you will know it is Lai Chi Kok city-jungle experience
Surrounded by huge, old and creepy industrial buildings, it used to be the industrial area of HK, nowadays all sourcing companies, and wholesalers are based here. 
Lai Chi Kok population is local (which normal being in HK), in a hurry but they walk slowly. In fact the local way of walking is slow and in a zig-zag… which makes it really difficult to overtake them…
The fashion sense of this local population is also quite particular: you often see woman wearing synthetic lace dresses juxtaposed with black long sleeves t-shirts with uggs boots. I suppose that 90% of  the consumption all synthetic fabrics in the world (polyester, acrylic, etc)  is done in Lai Chi Kok. It would not be surprising that those people do not have a skin cancer at the end of the day. Please see below an example of what I would suggest if I was a Chinese fashion blogger (the t-shirt has to be wore below the dress…). Charming combination!























Incongruous and fake would be the 2 adjectives for this small world definition. 

Therefore you have 2 possibilities: whether you start remembering those old good times in Saint Germain des Près in Paris, where the esthetic was balanced, uniform and perfect, where you used to go to charming "cafés" with your friends and you get deeply depressed, whether you look at the beauty behind the appearances of Lai Chi Kok and you try to be happy. At the end, it is the basic choice of life: whether you decide to be depressive because there is always better than what you have (sometimes it is just a little bit more obvious than others), whether you decide to be happy. I am living the second option process.  While in Paris you forgive and forget about the insults of the parisian waiters simply because it is beautiful, here it is the total opposite : you can get aggressive without any reason, just because it is SO UGLY! I am  spending my days happily in Lai Chi Kok. But as said, it is a process…

One of the positive points in Lai Chi Kok is a huge, dirty, crowded, amazing shopping mall in an Industrial building . At first you do not understand if you are going into a car parking or a shopping mall... It is very weird. You don't see it from the outside but once you cross the small door (why everything is so small here? The doors? The windows***?…), you discover a new galaxy under your eyes. People seem ants, and never in your life you will see so many clothes, shoes, hats together. 










It can be the most terrible place for lots of people but for a compulsive consumer as me it is just Alladin's cave! It is so challenging to try to find something that looks nice and has a nice hand feel. Then, once you find it, it is so challenging to negotiate for a price with a non english speaker that tries to swindle you. It is the path to happiness! Why looking for inspiration in Celine or Balenciaga stores when you have Lai Chi Kok? They are so imaginative there! They mix materials as we would never imagine!
Yesterday I had one of those Lai Chi Kok experiences: I found those nice leather red shoes, with the perfect heel (5 cm… the heels you can actually wear) with some nice colorful stones applications in the end of the shoe. I was so proud of my new investment : after 40 min of negotiation, I got the shoes for 300 HKD (30 EUR), real (Chinese) leather!
After 30 min of wearing it… 2 stones gone! As my dear Vicomte friend would say : "Lo barato sale caro" what means : "Cheap things are the most expensive" (not very well translated…). 

In a nutshell: I am in China and I live ephemeral and fake happiness : the most evanescent happiness ever but a pretty intense one…. Believe me!


PS

*** I heard 2 versions explaining the tiny windows size: 
  • it is to prevent suicides
  • It is to prevent people from throwing big object from their windows, such as fridges, ovens, etc

And to finish a goodbye from our Lai Chi Kok buddy! (his name is "Tony" or "Doggy" I didn't got it well...)








samedi 16 février 2013

Escale hotdog!

Escale à l aéroport de Manille où nous venons d ingérer 2 hotdogs par tête. Je me transforme progressivement en hotdog... Je trouve que je ressemble dangereusement aux saucisses que je viens d avaler...

lundi 7 janvier 2013

Qui est-elle?


L'homme blanc en Indochine

Cette nouvelle application de video vintage est en train de me rendre folle!! 




La poétique chinoise

Oui, le bucolique existe aussi en ces terres orientales qui nous ont tant habituées à la pollution, au bruit, aux effluves pestilentielles de mega métropoles sur peuplées. Mais grâce à ce traitement sévère nous avons pu d autant plus profiter de ce bout de paradis. À une heure de Hangzhou, au milieu de nulle part, l ours polaire Cajolin a enfin retrouvé son élément,..