mardi 20 novembre 2012

Becoming Chinese

Je deviens dangereusement chinoise:
- je porte une laine en permanence même s il fait 25 degrés, à cause de la foutue clim
- je bois de l eau bouillante sans sachet de thé. Au début je trouvais ça dégueulasse, mes collègues m ayant énuméré les vertus de l eau chaude, en bonne hypocondriaque, j ai cédé... Et j aime ça!
- petite sucrerie chinoise en main: une sorte de puding à l haricot, sucré. Pas mal...
- cheveux toujours (sur le point de devenir) gras. En dépit de lavages réguliers, l essence des cheveux dans cette ville c est le gras. J ai tout essayé: du lavage quotidien au non lavage et rien: j ai les cheveux gras. C est charmant!

dimanche 18 novembre 2012

Le fashion chien de Lai Chi Kok

Ce sympathique mammifère fait partie de mon quotidien! Il change de lunettes tous les jours et siège tranquillement au milieu de la jungle urbaine de Lai Chi Kok (quartier dans lequel je travaille...)
Je l adore!! Je veux trouver son maître pour le féliciter pour tous les looks quotidiens...

mercredi 19 septembre 2012

It's yummy- LA!


Quand Yau, la femme de ménage du bureau, apporte des petits snacks typiquement chinois: il faut les manger. Finalement c’est comme quand on est invité dîner chez quelqu’un et qu’on n’aime pas ce qu’on nous sert à table, on mange et avec un sourire. Sauf que là j’ai droit au regard curieux de tout un groupe de gens rivé sur moi : « It’s a vely good chinese snack-là ! Do you like it ? » ou bien « Yummy-la ? ».




Ces œufs sont en effets des œufs durs qui ont cuit plus longtemps que nos œufs durs habituels dans une eau à base d’épices chinoises et de thé. Le résultat est visuellement étrange, voire dégueulasse, le goût tout aussi étrange, mais mangeable. Ils voulaient me filer un deuxième mais j’ai contrôlé ma gourmandise : 2 œufs noirs à 11h du matin c’est peut-être un peu trop… !

Par ailleurs, l’autre jour, lors de l’anniversaire de Sue (une des filles de l’équipe), nous sommes tous allés déjeuner ensemble. Après le déjeuner, Peken avait apporté une espèce de boisson locale chinoise, selon eux très bonne, avec laquelle nous avons trinqué. C’était une sorte de thé plus gluant et plus épais que le thé normal, de couleur brune très foncée. Il m’a servi la boisson dans mon petit thermos Starbucks que je garde au bureau pour mon thé. J’ai bu les gorgées protocolaires pour valider le trinquage mais je n’ai pas pu le finir…. Mais pour ne pas vexer Peken en allant avec mon thermos aux toilettes pour le vider et le laver au plus vite, et prise par des milliers d’autres sujets, le thé a macéré quelques nuits dans le thermos. Autant dire que le thermos est inutilisable, une odeur horrible s’y est imprégnée…

Stephen, un des designers de l’équipe, est rentré de ses vacances de Taiwan et nous a ramené des « snacks » taiwanais : en gros des poissons séchés sous vide avec une odeur absolument nauséabonde. Ces poissons me font penser à la nourriture que je donnais à ma tortue.  Je n’ai pas pu honorer Stephen… Mais ces jours là ils savaient que je n’allais pas très bien de l’estomac (on fini par devoir partager ce genre d’info puisqu’ils proposent de la bouffe continuellement). Il faut d’ailleurs préciser qu’ils me demandent tous mes symptômes corporels en détail et sans aucune pudeur : « what do you feel exactly ? Do you have too much gaz in the stomach ? ». C’est qu’en réalité, leurs rapports aux « gaz » est totalement décompléxé.

En effet, au bureau c’est le festival des rots. Yau, la femme de ménage, passe toute la journée au bureau, et fait le ménage 2 fois par jour (c’est l’endroit le plus récuré de la terre). Elle a même un ordi assigné pour elle, dans lequel elle n’a qu’accès à l’intranet de la boîte mais elle y passe des heures devant l’intranet en train de roter haut et fort et d’émettre des bruits avec sa gorge/bouche immondes. Mais cela est vécu avec naturel par tout le monde et parfois même elle obtient des réponses d’autres rots dans la salle. Comme un jeu de chants d’oiseaux qui se répondent mutuellement et amoureusement d’un arbre à un autre, sauf que là le son et le scénario sont moins bucoliques. Et surtout je suis au milieu en silence, en retenant mon souffle pour esquiver toute effluve eventuelle….

Je déjeune souvent avec mes collègues et je me laisse toujours guider par eux. Je ne veux pas les contraindre dans leurs habitudes, puis les déjeuners dans les restos chinois sont à des prix beaucoup plus raisonnables que les restos occidentaux. Et finalement, je suis en Chine donc autant commencer à m’y habituer...
 Ce fut ainsi que je vécu une expérience mémorable. Stephen (de mon équipe) et Brize (un de mes collègues de l’équipe des merchandisers. C’est l’équipe qui s’occupe de la production des accessoires) m’ont amené dans un endroit unique dans son genre. Au 10ème étage d’une tour anonyme (comme la plupart des tours à HK) à côté du bureau, avec une clim à 13-15 degrés nous sommes arrivés dans un restaurant de très grande surface avec un décor unique dans son genre :

      des fenêtres en formes arabesques

- 
-      des lampes qui pendaient dans un style plutôt pseudo-indien ?
    des statuts par dizaines de femmes pirates (un peu putes sur les bords) avec des décolletés vertigineux






-       une statut de Barack Obama à l’entrée, assis sur un banc, comme une sorte d’invitation amicale à s’asseoir à côté de lui (ce que j’ai fait bien sûr...). Barrack quel plaisir de te rencontrer à HK! 




-       de la nourriture chinoise-singapourienne-malaisienne, bref, un peu de tout... ce qui est suspect... 


Autant dire que ça été un des restaurants les plus étranges que j’ai jamais fait de ma vie. Le menu était tout en chinois, j’ai donc laissé mes collègues choisir pour moi : ils me parlait de satay, cela m’est familier, j’ai donc dit oui. Quand le serveur s’est présenté, mes collègues m’ont dit qu’il fallait que je choisisse entre des légumes ou de la glace :

-       Sorry ?
-       Do you want vegetables or ice cream ?
-       But I have to choose between vegeables and ice cream ?
-       Yes
-       OK. It’s a curious choice… What is the flavour of the ice cream ?
-       Red beans
-       OK, I take the vegetables

Le plus grand choix de ma vie : ou bien des légumes ou bien de la glace. Deux choses évidemment substituables entre elles.



La liste des boissons était en anglais. On pouvait y lire : hot coke with lemon, hot sprite with lemon, etc.



 Je les intérroge au sujet du coca chaud, ils me disent que c’est excellent quand on se sent faible ou un peu malade. Je leur dis que je veux simplement de l’eau plate. Ils me disent que l’eau est gratuite et qu’il faut que je choisisse une autre boisson. Je demande donc le coca mais normal (pas réchauffé).
Au bout de 15 minutes, les boissons ne sont toujours pas servies. Je demande à Stephen si on a bien commandé les boissons (puisque tout se passe en chinois donc tout m’échappe). Il me répond que oui. Arrive donc le plat principal : un grand bol, avec une viande de porc qui sentait fort l’animal qui flottait dans une eau marron couleur caca (la fameuse sauce satay) et des nouilles. Je mange les nouilles et je bois la sauce, je laisse la viande.
Une fois ce festin de satay-caca fini, ayant déjà mangé aussi mes légumes (avec le plat principal), mes collègues ayant également mangé leurs glaces (avec le plat principal aussi, bien sûr), je croyais qu’on demanderait l’addition… Mais non, à ce moment là… les 3 énormes verres de coca arrivent ! Ils n’avaient pas oublié le coca ! C’est juste qu’il vient à la fin… ! On se met donc à boire le coca tranquillement et en silence. Il faut dire qu’il y a beaucoup de silences et de moments où ils ne parlent qu’en chinois entre eux en ma présence, sans aucun souci que je puisse être perdue. C’est assez hallucinant. Au début c’est un peu étrange mais maintenant je m’en fout. Tout cela est accompagné d’attitudes incongrues : pendant qu’on boit le coca en silence, un des types avec qui je déjeunais se lève brusquement et il part sans dire un seul mot, sans exprimer un seul geste. Dans ma tête il était peut-être allé aux toilettes et il reviendrait. Mais non… il était simplement rentré au bureau :

-       Where is Brize ?
-       He’s gone
-       Really ? Without saying anything ?
-       Yes (avec tête de "c'est normal meuf, pourquoi tu t'étonnes?...)
-       OK.

  Pour demander l'addition il suffit d'appuyer sur le bouton "check-out" et 2 min après un petit chinois s'empresse de nous encaisser. Non sans oublier le petit cadeau : une sauce piquante pour agrémenter mes repas à la maison. 


Que demander de plus? C'est le luxe ici! La vie repose sur un mot: "convenient" (ce qui à l'anglaise signifie pratique), tout doit être "convenient", sinon ça ne sert à rien...!
Pourquoi devoir appeler le serveur pour l'addition, alors qu'on peut appuyer sur un simple bouton?
Pourquoi devoir se justifier si on doit partir de table? 
Pourquoi devoir inhiber un rot alors que notre corps ne demander qu'à expulser tous ses gazs?

C'est le pragmatisme à l'état pur, une forme de sagesse...

vendredi 27 juillet 2012

Anna Wintour chinoise


J’ai rencontré Anna Wintour chinoise.

Je reçois un mail me disant que je dois prendre rdv avec « W.Pong » pour un client très important.  Qui est W. Pong ? Que fait cet être dans la boîte ? Dans la vie ? Et au delà de tout ça: est-ce un homme ou une femme ?
Pas le temps pour m’informer de tout ça, j’exécute, je lui envoie sur le champ un mail. On me prie de contacter Emily, sa secrétaire (je pense que cette dernière doit être une femme, même si je ne l’ai pas vue..).
On convient d’un RDV dans le parking de la boîte avec W.Pong, que je découvre femme puisque dans le mail à son sujet on dit « she ». On (ma collègue May et moi) ira avec W.Pong & Ming, le chauffeur (alors que pour moi Ming c’est un empereur…) rejoindre les responsables de ce grand client qui nous donneront des directives.
J’arrive détendue, sous une pluie dense d’été qui n’arrête pas de tomber depuis quelques jours et qui nous rend la peau luisante au bout de 5 minutes dans la rue. J’ai mis ma tenue « star » qui a la vertu, à mon avis, d’être belle et élégante, sans qu’il n’y ait pour autant aucun signe tendancieux ou provocateur : ma robe vintage YSL que Liubia m’a donné et mes chaussures Roger Vivier : la perle de ma garde robe, (après avoir comme même hésité à cause de la pluie…)
J’arrive dans le fameux parking. Ming est un petit chinois adorable et serviable. Il se presse de me débarrasser de mon parapluie et de mes affaires encombrantes. On attend, May, Ming & moi, la fameuse W.Pong.
Après l’attente, arrive une chinoise, cinquantenaire (compliqué à gérer comme âge, je le sais…. Je me dit tout de suite que je n’ai pas de chance…) des plus sophistiquées que j’ai vu jusqu’à présent : mince et élancée (elle fait 2 cm de plus que moi sur ses plateformes de 10 cm mais elle fait comme même élancée), une coupe au carré, son sac Bottega Venetta (qu’elle n’aime pas parce qu’il est lourd.. c’est une amie qui le lui a offert parce qu’elle était trop petite pour le porter…), un pantalon noir ajusté (en effet elle est mince et bien foutue pour son âge), un haut de coton manches longues violet clair et blanc (que j’apprends plus tard que c’est d’un jeune designer japonais… je trouve le mix avec le pantalon noir un peu étrange mais pourquoi pas…), des ongles de couleur turquoise (aie aie une soit disant élégante de ce monde ne devrait pas commettre ce faux pas… mais bon tu restes comme même classe, je te rassure). C’est la fameuse W.Pong. Cette seconde d’échange de regards entre nous m’a fait froid dans le dos. Dans son regard : la toute puissance de la killeuse qui n’est pas ici pour faire des amis. On se serre la main en nous présentant mutuellement et on file dans le van où elle me dit de m’asseoir à côté d’elle et je suis soumise à l’interrogatoire le plus long de ma vie : qu’est ce que j’ai fait avant d’arriver ici , d’où je viens, quelles langues je parle, comment mon boss m’a recruté (si elle savait…), quand est ce que j’ai commencé à travailler, quand est ce que je suis arrivée à HK, où est ce que j’habite, comment est mon immeuble, ascenseur ou pas (l’époque des 7 étages à pied c’est fini W Pong, et c’est bien la seule chose que je ne regrette pas … jejjeje), que fait mon ami dans la vie, a t-il déjà travaillé avant, de quelle nationalité il est, etc, etc. Mais cet entretien n’a pas été à sens unique : je lui ai demandé si elle était mariée (oui, elle l’est), si elle a des enfants (oui, deux enfants, déjà adultes… je m’en doutais de cette dernière précision W Pong…), qu’est ce qu’ils font dans la vie (des trucs dans la finance que je n’ai pas retenu), depuis combien d’années elle est dans la boîte (17 ans, c’est sa maison… son bureau est décoré comme sa maison, elle a même un dressing où elle change de tenue s’il le faut, un canapé où elle se repose quand elle ne va pas bien… bRef, j’espère voir cette perle d’endroit très vite….). W. Pong voulait me faire peur, or ma nature est bavarde et je voyait dans ses yeux la surprise que je puisse, en apparence, être autant à l’aise face à elle… Ma collègue m’a dit par la suite que personne n’ose lui poser des questions… Désolée W.Pong les latines sont un peu commères et puis c’est aussi de la politesse de s’intéresser aux autres, non ?
Quelques remarques de la dite W.Pong ont laissé entrevoir le fossé culturel qui nous sépare. Elle me dit « I love your shoes, it’s one of my favourite brands for shoes. A friend of mine (that also works in the company) has 50 pairs of it. She loves it. But I only have like 5 or 6 pairs. I don’t like to have all from the same brand, you know… »

Analyse :
-       c’est bien W. Pong tu fais preuve de sophistication en appréciant Roger Vivier plutôt que Vuitton.
-       En effet ton amie des 50 paires de Roger Vivier est une tarée fétichiste
-       La remarque de trop de la prétentieuse nouvelle riche : « I ONLY have 5-6 pairs » : W. Pong tu parles à quelqu’un qui s’est achetée les siennes en vente privée, à moitié prix, pour son anniversaire…
-       tu n’aimes pas avoir tout de la même marque : bon principe. Mais néanmoins, j’irai même plus loin : tu n’as pas besoin de porter des marques pour être élégante. Tu sais W Pong en Europe, il existe des gens qui n’ont pas besoin de s’affirmer à travers le fric qu’ils portent sur eux. C’est même mal vu. Il faut travailler davantage sur ce point…

Par ailleurs, notre rencontre avait un but. W.Pong nous a apporté des modèles de sacs bandoulière, petit format (pour Ipad) pour homme parce qu’elle veut qu’on fasse : « the perfect bag for man ». Elle nous montre donc des sacs bandoulière, taille Ipad pour homme qu’elle avait récupéré. Au sujet d’un des sacs qu’elle trouvait de qualité cheap elle affirme : « My husband would never use something like this ! ». Mais est-ce qu’un homme, quel qu’il soit, peux porter un petit sac en bandoulière hyper moche et plouc pour mettre son Ipad, ses clefs, son portefeuille et son téléphone ? Au sujet d’un autre des sacs elle dit : « oh this one is really ugly, it is very Chinese… » : mais W.Pong qu’es-tu d’autre sinon une chinoise ?... Il faut préciser que W. Pong manifeste un mépris constant et récurrent dans ses propos à l’égard des chinois, ceux du main-land China. Elle c’est une hong-kongaise. Je comprends la nuance mais ce mépris me semble un peu exagéré. Je crois que si je voulais être virée sur le champs je devrais juste lui dire « but aren’t you Chinese ?.. » W.Pong tu es une chinoise, qui pue le fric et le pouvoir, qui essaie de te polir aux goûts européens mais tu continues de mettre du turquoise délavé et brillant sur les ongles et ton mari porte des sacs bandoulières pour Ipad aussi sophistiqués soient-ils. En plus de ça, tu as une tête qui ressemble à un pain poilâne de ceux qu’on vend chez Kayser, pas celui en tranches, celui entier, celui que si on le jette sur quelqu’un il peut tuer tellement il est massif et dense.
C’est donc ce gros pain Poilane prétentieux  et méprisant qui est ma big boss, respectée, crainte par tous.
Je suis dans son territoire, chez elle, c’est elle et ses lois qui commandent et c’est ce qu’elle veut que je devrai exécuter. Dans tous ces propos, je sens le test qu’elle lance, le moindre faux pas sera fatal : je serai virée de suite.
« The perfect bag for man » que nous devons faire est pour une marque tout aussi prétentieuse que tout ce que je viens de décrire. C’est une marque qu’ils nous ont présenté comme « British », alors qu’il y a 1 boutique à Londres, 50 en main-land China, 20 à HK, 20 en Taiwan. Mais c’est une marque British. Aussi faut-il remarquer que l’image de la marque est très WASP, très Tommy Hilfiger, pseudo Ralph Lauren. W Pong pour quelqu’un qui fait la nuance entre toi et une chinoise, il faudrait peut-être en faire aussi entre les British et les WASP. Ce n’est pas du tout la même chose…
Il faut donc proposer 10 modèles dans 3 jours, du « pefect bag for men » pour une marque British, qui n’est vendue qu’en Asie, avec une image de marque très WASP. C’est intéressant comme défi. Mot d’ordre : « it has to seem expensive, it has to seem good quality ». « Seem » ici tout est une question de « seem ».
Je ne devrai peut-être pas en dormir la nuit, mais en fait je m’en fout tellement de W Pong, de son sac plouc, de sa marque ridicule… Qu’est ce que je fais dans une grosse boîte à nouveau?  Ces grosses boîtes qui rachètent nos belles marques européennes et qui finiront par les détruire à force de vouloir les rentabiliser comme des marques fast-fashion...
Mais j’éxécute ce qu’on me demande avec un sourire : « W.Pong tes ordres seront mes désirs... ».

lundi 16 juillet 2012

Premier jour de travail chinois!




J ai experimenté ce que c est que d'être la seule non asiatique entourée de chinois pendant 10h de suite. C est très enrichissant. Ce sera mon quotidien dorénavant.

Mon equipe est composée de 5 personnes:

- Carrie, 37 ans (mais elle pourrait en avoir 27, l'apparence ne changerait pas). Cheveux long avec des boucles permanentées et une frange raide (probablement ses cheveux naturels). Elle est assise juste à coté de moi. Habillée toute en noir, les ongles vert citron et une "double bague" (deux doigts en une seule bague) avec des strass rose fluo. Elle a l air a première vue sérieuse et pas souriante mais dès qu on l'aborde, elle est sympathique et cordiale. Elle m a dit que normalement ici il ne faut pas partir du bureau avant le chef. Elle ne partira donc pas avant moi et moi je ne partirai donc pas avant notre chef (qui est en vacances...). Cette "chaine" m'inquiète. Je lui dis que, si c est pour moi, elle peut se casser des qu elle a fini son boulot, j en n ai rien a faire. Mais je lui demande en douce aussi à quelle heure part le big boss d habitude... elle me dit que vers 20h. J'en conclus qu'ici ce sera du 9h-20h au moins.

- Sue: c'est une chinoise toute douce. Elle est habillée sport un peu adolescente, elle a une queue de cheval et elle parle très doucement. C est un personnage naïf, qui dégage beaucoup d'innocence et de candeur. Un peu une Cecile de Volanges des Liaisons dangereuses à la chinoise. S'il y avait un film des Liaisons dangereuses en version chinoise, je pense qu elle incarnerait bien ce personnage

-  Peken: pour retenir son nom je pense aux noix de Pécan et en fait je suis arrivée à la conclusion que c'est une petite noix de Pécan ce petit homme. Il est tout petit, rond, une vraie petite noix. Il a une coupe de cheveux assez mythique: rasé sur les côtés avec une queue de cheval formée avec ce qui lui reste de cheveux sur le haut du crâne. Il est très introverti mais sympa. J'ai beaucoup de mal à le comprendre (mais cette difficulté est generalisée): une noix de pécan qui parle chinois! C'est génial!






- Stephen: c est le beau gosse de l equipe, le plus ouvert et le plus sympa. Il pourrait jouer le rôle principal d'une série américaine. C est celui avec qui la communication est la plus facile, celui qui semble avoir une culture occidentale un peu plus développée. Mais après le déjeuner, de retour au studio, il a roté haut et fort et le mythe s'est brisé...

- Finna: c est une boule trop sympa et touchante. Elle part dans un mois parce qu elle a des problèmes de santé et elle doit se faire opérer. En effet, elle n a pas l air en pleine forme, elle a l air un peu fatiguée. Elle semble gentille et serviable.

Ensuite il y a quelques personnages "environnants"

- Winnie: la femme lunatique autant sympa que féroce en charge de la finance/et des ressources humaines. L autre jour elle avait été très agressive avec moi parce que j avais oublié une 'check list" qu elle m avait donnée pour pointer les documents que je devais lui remettre. Mais aujourd hui elle était souriante et bien lunée. C est elle qui m a reçue le matin. Elle se pliait en excuses parce qu elle n était pas très disponible. Moi plutôt soulagée qu elle ne le soit pas. Il faut préciser une chose: je ne comprends pas UN SEUL MOT de ce qu elle me dit, RIEN de RIEN. J acquiesce à tout. Son anglais est incompréhensible. Et le plus ironique c'est que probablement elle doit se dire que c est moi la débile qui ne sait ni comprendre, ni répondre...! Elle a une particularité: accorder une importance hors norme à des trucs complètement marginaux du genre: il faut changer le mot de passe dès que tu t'es connectée par précaution. Certes. Elle est revenue peut-être 4 fois vers moi (sans exagérer) par téléphone et en personne pour se certifier que j'avais bien changé le mot de passe en me disant "because I know your password and I do not want to know your password". N'aurait-elle pas la conscience tranquille cette petite Winnie?...

- Raymond : un des mecs de l'informatique. Il est adorable mais pas très compétent. IL m'a installé l'ordi en plusieurs étapes pendant la journée. J'ai eu droit à la scène suivante:

- Raymond: kjsdhfkjhsdgfizqgfjgdsf?
- Moi: Sorry?
- Raymond: kjsdhfkjhsdgfizqgfjgdsf?
- Moi: Can you please repeat?
- Raymond: kjsdhfkjhsdgfizqgfjgdsf?
- Moi: Silence
- Raymond: silence
- Le public (qui s'est joint à nous): silence
Demi tour et on passe à autre chose...




Mon équipe m'a invité à déjeuner dans un resto coréen dans le même building que les bureaux. J'ai pris un riz on aurait dit à la tomate mais très piquant.

Au bureau, ils m'ont gentillement demandé s'ils pouvaient mettre de la musique, j'ai dit que oui. Je m'attendais à de la musique chinoise mais j'ai eu droit aux Beatles, toute la compilation des Beatles pendant toute la journée, plutôt sympa.

Demain je les ai invité à un petit meeting pour qu on discute, notamment mieux pour les connaître :-)

PS
- j'ai droit à un badge spécial de manager qui me donne accès aux toilettes réservées pour les managers. J'étais très curieuse de les voir. J'y suis allée pour faire ma prospection mais, soit c'était occupé, soit je ne sais pas me servir du badge, j'ai fini dans les toilettes pour handicapés...
- j'ai droit à être près de la fenêtre, dans un coin "because if you have confidential calls..." jejejjej

jeudi 12 juillet 2012

Welcome to Kelford Mansion!

Je pense qu'un petit focus sur notre lieu de vie s'impose.

Nous habitons une rue de stars: Hollywood Road! Le tapis rouge se déroule à chaque passage qui nous mène vers Kelford Mansion.



Plusieurs particularités caractérisent cette mansion au nom imposant:

- la première c'est que l'immeuble n'a rien d'une mansion: son style architectural est d'une laideur assez commune, autant dire tout de suite que le nom est très prétentieux.
- des escaliers avec des carrelages de salle de bain à l'entrée. Nous les montons toujours sous une chaleur écrasante, chaque marche franchie est une victoire.
- à l'entrée, à gauche, le petit coin du concierge. Ils sont 4 concierges différents qui se relaient la place. Les quatre répondent à peine à notre "Hello", aucun des quatre ne se lève jamais, jamais, jamais de son siège, surtout s'ils nous voient galerer avec des grosses valises ou des sacs de course. Et, évidemment, ils lâchent de temps à autres leurs airs corporels internes ainsi que leurs purges guturales profondes. Mais au milieu de tout ça, ils me sont plutôt sympathiques. Ce sont des gens paisibles et sans histoires. Après 10 ans à Paris, devant gérer au quotidien un concierge très béliqueux, je trouve plutôt agréable d'être en présence de gens calmes.




Dans l'entrée, nous pouvons apprécier un tableau en puzzle d'un Château de la Loire, au-dessus d'une illustration chinoise. C'est agréable de reconnaître certains symboles ou signes! Ils auraient pu appeler l'immeuble "Château de Chenonceau" tant qu'on y est...




Il y a deux ascenseurs: un pour les étages pairs, un autre pour les étages impairs. Nous prenons celui vers le 9ème étage. Sur le pallier devant notre porte, nous avons un mini temple de nos voisins chinois: un petit temple par terre avec de l'encens pour chasser les mauvais esprits, un petit temple suspendu pour en attirer les bons. Devant leur porte, la famille chinoise a une grille dont le style est entre celui d'une prison soviétique et l'ancien empire de Chine. 







Ils sont très sympathiques mais très timides. L'autre jour j'ai pris l'ascenseur avec le père (ou le grand père?... j'ai du mal avec les âges ici..) et je n'ai jamais senti autant de pouvoir d'intimidation sur un être humain de ma vie. Je sens que pour lui les 9 étages en ascenseur ont dû être les plus longs de sa vie. Ils regardait par terre, se tenait le plus à l'écart possible, il se serrait les mains l'une contre l'autre nerveusement, s'il avait pu creuser un trou et s'évaporer il l'aurait fait. J'avais envie de dire quelque chose pour le mettre à l'aise ou avoir un geste amical. Mais je pense que tout acte de ma part aurait été un faux pas...très dangereux...


Vous verrez ici Monsieur Kelford sortant de l'immeuble, élégant et à l'aise.

















Puis Madame Kelford qui pose délicatement près de l'entrée 



















puis en haut de l'escalier. Elle marche lentement parce que le sol est toujours glissant.














Par précaution, les chinois n'enlèvent jamais l'affiche du "wet floor"...